Ludivine Zambon

Un corps incertain

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Des paysages face à un visage. Nous nous emparons d’un territoire en ramenant des plans, d'eau, de forêt, de crépuscule. Nous captons ce moment particulier qui bascule d’un jour à l’autre. Il reste des brèches, des cassures de lumière, parfois presque imperceptibles. Un regard vers le paysage, vers l’image et vers l’ailleurs, un hors-champ. Le film d'un corps qui attend, un corps gêné, entre le naturel et le jeu. Et puis des voix off, qui viennent de plus loin et qui nous font douter.

Capture d'écran 1 « Un corps incertain »
Capture d'écran 2 « Un corps incertain »
Capture d'écran 3 « Un corps incertain »

2015 / Extrait de texte, Un corps incertain

Et toi,

 

tu as vu cette lueur transparente percer ?

 

Ce n'est pas tout a fait ce que j'aurai voulu. Ailleurs peut-être il aurait fallu le trouver.

 

Il suffit d'être juste à côté pour mieux voir, tu ne crois pas ?

 

 

 

Assez près, au plus, en fait, il y a ce groupe ou plutôt ces groupes, au coin du parasol.

La nuit.

 

Oui c'est la nuit, c'est pourtant différent. Un jaune vif mais

surtout éclairé.

 

J'entends, il y a quelques rires au fond.

 

 

Tu es sûre que ce sont des rires ?

Tu n'es pas déjà ailleurs ?

 

 

Mais c'est la nuit qui l'emporte inévitablement.

 

 

Plus de clarté.

 

 

 

C'est au fond.

 

 

Pas très sûre.

 

Je ne vois pas très bien.

 

Attends.

 

Derrière il y a comme autre chose,

quelque chose qui se rajoute.

 

 

Caché.

 

Non. On ne le voit pas.

 

Je ne sais pas si tu aurais su regarder autrement.

 

A gauche.

 

C'est comme très droit et à la fois penché.

 

Une lueur arrive discrètement sur la joue.        C'est une ligne qui poursuit.

 

 

C'est à la fois être là et

à côté.

 

Comme l’aplanissement inattendu d'une réserve.

 

Tu le sens ?

 

J'aperçois au fond l'affleurement de quelque chose que nous ne connaissons plus.

 

J'ai oublié.

 

 

Je n'ai plus rien, même dans l'altération de ce que je vois au loin.

 

Plus rien ne bouge.

Autrement.

 

 

Vers un cours d'eau allogène d'amplitude supérieure à ce que tu pensais.

Il serait seul.

 

J'aperçois le plissement de la lumière au fond.

 

Une radiation lumineuse réfléchie.

Vagabonde vers la dissémination d'une plante par le vent.

 

Ça résonnera dans le vide.

 

Où est ma place véritable ?

Délaissée.

 

Tu n'entends plus que le loin.