Ludivine Zambon

Solitudes en éclats

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Ce documentaire-fiction est une pièce sonore questionnant les états de solitudes dans notre société contemporaine. Il donne à entendre des témoignages, des récits poétiques et des récits narratifs autour de ce sentiment.

Il a intégré et mis en valeur, dans son processus de création, les collectes sonores des rencontres avec les habitants à propos de leur quotidien et de leur intimité et comment ils façonnent leur rapport aux autres.

2018 / Bande sonore, Solitudes en éclats

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2018 / Extrait de texte pour bande sonore, Solitudes en éclats

En ce moment la solitude c’est quelque chose qui me parle, elle arrive plutôt le soir.

Oui,

c’est le soir, et ça peut dépendre, parfois oui, elle est là et parfois non.

 

La solitude, c’est surtout un état de pensée, elle dépend assez peu des gens qui sont autour de moi ou qui n’y sont pas au moment où elle se présente.

L’ennui est enfermant, angoissant, le soir plus que le reste de la journée.

C’est le moment où quelque chose se termine, là, sans avoir la possibilité de la modifier ou de la contourner. Cette solitude-là laisse une trace indélébile, ineffaçable.

 

C’est dans cet intervalle particulier que je sens que j’ai besoin de téléphoner à quelqu’un, pour parler, pour me sentir proche d’une autre parole, partager une intimité même très simple.

 

Essayer d’oublier un vide.

 

Pendant la journée, c’est un peu plus facile, on voit du monde, on travaille, on peut sortir, on sent l’activité. Mais le soir ou la fin d’après-midi, au moment où les autres profitent de leur famille, c’est plus difficile. On entend, à travers les fenêtres, les bruits quotidiens de la vaisselle qu’on met sur la table ou qu’on lave, on sent les odeurs de cuisine, on entend les quelques discussions, les disputes, les rires des gens qui nous entourent mais qui ne nous sont pas proches.

 

Hier, par exemple,

hier soir, je pensais à une solitude. Je ne me sentais pas vraiment mal, mais ça m’est apparu, ce jour, où je ne m’y attendais pas forcément. C’est difficile de savoir quand on est seul, je ne m’en rends pas compte tout de suite, il me faut du temps, il faut que cette pensée de la solitude soit longue pour qu’elle devienne vraiment présente.

 

La solitude, ça n’est pas obligatoirement vivre seul, ou être seul, c’est sentir que l’on n’a pas quelqu’un qui pourrait être là.

2018 / Dispositif de rencontres, Éclats de solitudes, Parc Olympe de Gouges - Annemasse

2018 / Performance, Solitudes en éclats, Salle Martin Luther King - Annemasse

Processus

Rencontre et interview des habitants (recueil des récits)
Nous avons abordé environs 75 personnes et nous comptons 50 participants au projet avec une durée moyenne pour chaque entretien de 30 minutes. En trois jours, nous avons comptabilisé pas moins de 12 heures d’enregistrement.

Écriture
Après ces collectes sonores, un travail de montage s’est mis en place afin de couper et coller les sons, les paroles, les situations recueillies et les récits fictionnels et narratifs imaginés et inspirés des récits collectés.

Enregistrements studio et composition électroacoustique
a nature des sons est diverse, parties de témoignages, sons parasites des enregistrements, bruits du quotidien. La composition modifie les récits, crée des allitérations, des répétitions, des ralentissements, des accentuations ou encore des accélérations. Nous constituons, à travers une base de récits documentaires une histoire fictive en plusieurs actes.

2018 / Édition, Solitudes en éclats, 250 exemplaires, 350g, 210x297mm, perforée, recto-verso